Frank Vitale

Réalisateur, Scénariste
male
NE(E)
1945
Lives in
Montreal , QC
Canada
,
Quebec CA
Biographie

Les Américains Vitale et Moyle, tous deux éduqués à McGill, furent les enfants terribles sexuellement ambigus du cinéma indépendant anglophone de Montréal pendant les années 1970 et furent responsables de deux anomalies marquantes dans le domaine du film de fiction queer anglophone.

Le long-métrage Montreal Main (réa. Vitale, scén. Moyle, 1974, 88) fut une bouffée d’air frais inattendue au début des années 1970 qui demeure fort pertinent plus de 30 ans plus tard grâce à sa représentation courageuse et originale sur l’amour intergénérationnel et la trahison. Vitale était alors déjà connu de la communauté vidéo pour son récit épisodique original et sexuellement ambigu Hitchhiking (1972). Ce dernier coécrit et réalisa Main en plus de tenir le rôle de l’intense photographe barbu qui s’éprend de Johnny – un banlieusard de 12 ans aux cheveux longs – après l’avoir rencontré sur la « Main » en compagnie de ses amis artistes et contreculturels; une passion qui s’avère mutuelle (bien qu’elle ne semble pas être consommée). Étonnamment bien reçu au Canada ainsi qu’aux États-Unis (l’hystérie impulsive entourant les relations intergénérationnelles n’avait apparemment pas encore fait son entrée), Montreal Main reçut des critiques mitigées de la part des médias gais prépubères de l’époque : Ron Dayman, contributeur à TBP (nov./dec. 1974), qualifia de film de « véritable agace » de par son sens « refoulé » de l’homosexualité qui laissait le public nourrir l’espoir que les personnages « finiraient par sortir du placard. » En revanche, il applaudit la manière dont la « nature sensuelle quoique latente de la relation [du couple] se joue à l’écran » ainsi que la reconnaissance de leur prédicament dans « une société homophobe et âgiste où la liberté est impossible. »

Le film à petit budget The Rubber Gun (réa. Moyle, ciné. Vitale, 1977) suivit cette même lignée avec son scénario interlope situé dans un contexte contreculturel à saveur queer. Mon analyse de 1980 fut favorable :

« Si l’homosexualité n’est que périphérique au récit de type suspens de Rubber Gun, son acceptation dans le film est beaucoup moins problématique [que dans Main]. Une représentation fascinante émerge d’un milieu restreint où la marginalité sexuelle est tenue pour acquis. L’homosexualité n’est pas un terrain privilégié, refoulé ou disputé; elle est tout simplement présente. Le scénario n’est qu’un prétexte pour introduire un collage de portraits touchants et vivants des personnages du film – gais pour la plupart – bien qu’ils soient souvent trop fatigués ou trop liés d’amitié ou trop drogués pour coucher ensemble. Waugh considéra Montreal Main et Gun comme des « testaments vivides de ce monde vu de l’intérieur et de ses habitants, chacun d’entre eux incarné à travers un mode autobiographique improvisé » tout en conservant une certaine réserve devant leurs politiques d’ambiguité apolitique tenue pour acquis, faisant fi des tensions politiques accrues de la période de « nettoyage Olympique » du passé historique local (Copie zéro oct. 1981, 27). Dans R of T, l’auteur indique que certains étudiants en 2002 eurent d’autres réservations politiques, cette fois en lien à la misogynie de l’univers Vitale-Moyle. »

Le volubile Stephen Lack – une flamboyante icône queer locale – occupa un rôle de soutien dans les deux films avant d’entreprendre une carrière d’acteur sporadique dans les années 1980, période où il joua dans plusieurs longs-métrages américains ainsi que Scanners (1981) de Cronenberg. Vitale retourna vers son pays natal des États-Unis et disparut de la carte. Son collaborateur canadien Moyle – qui joue le rôle de son partenaire de masturbation étrange et « hétéro » dans Main et qui fut impliqué dans ce que Waugh qualifia de « scène de séduction incroyablement comique » avec Lack dans Gun – continua d’occuper des rôles de soutien dans d’autres films canadiens dont Outrageous! (1977) avant d’aller lui aussi s’établir aux États-Unis. Il y fut sporadiquement actif comme réalisateur depuis et son long-métrage Times Square (1980), une histoire romantique homosociale centrée sur une adolescente, fut diffusé dans de nombreux festivals queer communautaires. Tous ses films subséquents, dont le long-métrage canadien New Waterford Girl (2000), illustrèrent avec brio la confusion et les passions de jeunes personnes (presque) hétérosexuelles.