- Évènement

TFW: AIDS - séance de films de N. Sheehan + V. Chevalier pour la Journée mondiale du sida
TFW: AIDS
Une présentation du documentaire NO SAD SONGS (60 min, courtoisie du CFMDC), réalisé en 1985 par Nik Sheehan,et du court-métrage À VANCOUVER (2016, 35mins, VTape) de Vincent Chevalier dans le cadre de la Journée mondiale de lutte contre le sida. L’artiste Vincent Chevalier sera présent pour une session question-réponse animée par Matt Hays de MediaQueer.
TFW (That Feeling When): AIDS
Vendredi le 1er décembre 2017, de 15 h 30 à 17 h 30, ENTRÉE GRATUITE
Local EV1.605, université Concordia
1515 rue Sainte Catherine Ouest, rez-de-chaussée
No Sad Songs (1985, 60 min)
Nik Sheehan se fit connaître en tant que réalisateur du premier documentaire canadien majeur – et le deuxième au monde entier – sur les réponses communautaires au sida. Non long métrage No Sad Songs est un essai éclectique et passionné centré sur un homme atteint du sida nommé Jim Black, présenté ici en version numérisée grâce au CFMDC.
À VANCOUVER (2016, 35 min) est un essai vidéo expérimental axé sur l’autobiographie contenant des entretiens réalisés avec le père de Chevalier à propos de leur historiques sexuels familiaux et individuels. Alliant documentaire et fiction, la vidéo détaille plusieurs événements survenus de manière parallèle dans la vie de Chevalier et de son père : ils ont tous deux traversé le Canada afin de rejoindre Vancouver et eu des expériences (homo)sexuelles formatrices à différents stades de leurs vies. Le père Chevalier avait 18 ans lorsqu’il a vécu ces événements vers le milieu des années 1960. L’artiste, quant à lui, eu ces expériences d’abord lors de son adolescence vers le milieu des années 1990, puis dans les années 2000 suivant son passage à l’âge adulte.
Cette histoire, en plus d’être narrée en anglais et en français par l’entremis de voix hors-champ, emploie également des sous-titres ainsi que des simulations en temps réel d’événements fictifs.
No Sad Songs(1985, 63 min, CFMDC) parNik Sheehan
« Pour commencer, la vie est absurde. Vous réfléchissez à l’absurdité de la mort et vous vous dites, ok, ok, je vais mourir, mais je vais mourir en me débattant et en beuglant ou en faisant une sorte de contribution… Je suis dans une position unique où il m’est possible de faire quelque chose, et apparemment, je suis le seul prêt à aller me tenir sur un coin de rue et crier que j’ai le sida. »
Ce jeune homme calme contemplant l’absurdité de la mort et gueulant figurativement « j’ai le sida » est Jim Black, le personnage principal du documentaire fracassant No Sad Songs (1985, 63min) de Nik Sheehan.Généralement considéré comme étant le premier documentaire a avoir traité de l’épidémie du sida, le film de 1985 de Sheehan offre non seulement un portrait de Black intensifié par l’aspect politique de son diagnostic, mais celui d’une communauté de jeunes femmes et de jeunes hommes fervents se mobilisant contre une épidémie de plus en plus politisée.
Le film a reçu un accueil mitigé lors de son lancement. Les critiques n’ont guère apprécié cette représentation qui dérogeait au portrait standard que ce que le journaliste Gerald Hannon qualifiait de « sida comme une réalité affectant un groupe passif et impuissant. LeGlobe and MailetCinema Canadaont tous deux affirmé qu’il manquait de conviction et de puissance émotive; l’ œuvre n’arrivait pas à pleinement exploiter le narratif de Jim Black. L’implication de ces critiques était claire : il n’y avait pas assez de queers mourants et survictimisés à prendre en pitié. En réalité, le film de Sheehan regorge de puissance émotionnelle tirée des jeunes individus présents dans les cliniques, les salons, les bars, les théâtres et les réunions de comité afin d’épauler leur communauté. Tel que souligné par Kevin Orr du AIDS Committee of Toronto pendant la première du film, il s’agissait de « vraies personnes tentant de gérer un problème bien réel. »
No Sad Songsa été l’une des premières ripostes communautaires et artistiques face à l’épidémie. Le critique et chercheur Thomas Waugh a identifié trois genres distincts regroupant la plupart de ces œuvres culturelles : le mélodrame, l’autobiographie et l’agitprop. Sheehan emploie effectivement ces trois genres artistiques en entrecoupant l’humour chaleureux de son protagoniste Jim Black – qui se prend en main et transforme son diagnostic en pouvoir sociopolitique – autant avec des performances provocatrices d’agitprop que par des journalistes, des militants et des membres de la communauté ripostant avec ferveur à l’épidémie.
Bien que les séquences entrecoupées de performances peuvent sembler cocasses pour les individus visionnant le film en 2017, le critique Matthew Hays nous rappelle qu’elles « sont essentielles au succès de No Sad Songs» et qu’elles témoignent des « réponses émotionnelles et viscérales des artistes queer face à l’assaut brutal de leur communauté lors de l’entrée en scène du sida et du VIH. » Avec chaque pièce, Sheehan amplifie les préoccupations clés de la communauté, notamment le manque d’empathie publique, l’exploitation religieuse par la « majorité morale » ainsi que la menace posée par une panique sexuelle à une liberté sexuelle dernièrement acquérie.
Dans No Sad Songs, Sheehan livre le témoignage culturel inestimable de quelque-unes des courageuses personnes qui n’ont pas hésité de se dresser et de lutter contre, comme Hays nous le rappelle, « le début de quelque chose qui était voué à s’aggraver ».