Thom Fitzgerald

male
Date de naissance
1968
et lieu
New York , NY
États-Unis
,
New York US
Lives in
Halifax , NS
Canada
,
Nova Scotia CA
Biographie

Réalisateur, scénariste, producteur, acteur. Grand espoir gai du Canada atlantique, originaire de New York, formé au NSCAD, Fitzgerald est l’un des réalisateurs les plus prolifiques, particuliers et imprévisibles de sa génération.

Fitzgerald a été catapulté à l’échelle internationale grâce à The Hanging Garden (Halifax, 1997, 91), un chef-d’œuvre prodigieux et maintes fois récompensé, mettant en scène un garçon obèse queer et blessé, qui entre dans le monde adulte au sein d’une famille dysfonctionnelle. Les divers éléments narratifs (passage à l’âge adulte, retour à la ville natale, loi du père, hétérosexualité obligatoire, complicité entre frère et sœur, triangle homosocial, les buissons (mode littoral), l’explosion du mariage, et même la reconstitution de la famille (queer) – sont regroupés dans une toile hautement symbolique qui bouleverse autant qu’elle met au défi. Le scénario, la mise en scène, la distribution et les interprétations sont superbes. De plus, Ashley MacIsaac, figurante, livre une performance au violon, et le film comporte une tendre scène érotique entre adolescents audacieux, interrompue par une grand-mère hystérique dans le grenier : que demander de plus? Ce collage postmoderne de fleurs, corps, familles et régions forme l’un des plus grands longs métrages des années 1990.

Par la suite, Fitzgerald n’a rien regretté et a évité toute répétition. Pris dans le « syndrome du deuxième film », il a sorti Beefcake (1999), son deuxième long métrage sous-estimé. Il s’agit d’une reconstitution hybride de l’âge d’or pré-Stonewall de l’érotisme physique, qui reçut un accueil tiède et perplexe de la critique, malgré son canevas éclatant de gros bras baveux et l’excellente performance de Daniel Maclvor, en tant que bel imprésario musclé conflictuel. Puis, il réalisa Blood Moon (2001), un exercice de base pour la télévision américaine, qui met en scène une fille-louve adolescente, en plein musée de l’horreur, dont l’emplacement en Roumanie l’a inspiré pour son long métrage suivant, Wild Dogs (2002), plus personnel. Cet étrange mélodrame sur des Canadiens (pas si innocents qu’ils le laissent transparaître) à Bucarest, qui font l’amour entre eux et avec des locaux –et se/les bousillent–, est notable grâce à son sens vif de l’espace et ses interprétations amatrices charismatiques, livrées par des mendiants roms « découverts » par Fitzgerald. Se disant « foutu » selon l’échelle de Kinsley (Hays, 1998), l’interprétation nuancée d’un maître chanteur pansexuel et grassouillet, livrée par Fitzgerald, n’est pas sans rappeler une scène similaire de mauvais sexe dans Garden, apparemment à des années-lumière. Mais celle-ci ne mène pas à la reconstitution exaltante de la famille (à moins que la réunion finale du personnage de Fitzgerald avec son chiot orphelin roumain ne compte).

The Event (2003), un long métrage de Fitzgerald sorti en 2003, conserve le mode mélodramatique et s’attarde sur un drame de « suicide assisté » commis par un sidéen, au poste d’urgence 911 de Manhattan. Le film a été accueilli avec consternation par la critique, phénomène alors prévisible, malgré les superbes moments de drag queen et les interprétations touchantes livrées par les acteurs canadiens perpétuels : Brent Carver, Sarah Polley et Don McKellar, se démarquant tous des acteurs principaux américains.

Toute la trajectoire de Fitzgerald peut sans doute être retracée jusqu’à sa formation au NSCAD. En fait, son premier long métrage, maintenant discrètement mis de côté par les filmographies, fut une production qu’il réalisa lorsqu’il était étudiant en 1990. En effet, Movie Of The Week (coréalisé par Andrew/Dreux Ellis) porte sur le passage à l’âge adulte d’un jeune gai. Réalisé sans budget, le film réinterprète la ligne tirée entre la performance artistique, les formes de vidéo et le cinéma narratif.