Réalisateur. Basé à Hamilton, Selway fut cet étudiant de McMaster sensible aux problématiques queer qui réalisa un court-métrage fictif révolutionnaire – A Son of the Family (1977, 29), unique en son genre à l’époque – qui fut distribué par le CFMDC dans les réseaux de libération gaie avant de disparaitre de la circulation. Inspiré de la sortie du placard réelle du meilleur ami d’adolescence de Selway et élaboré en consultation avec un autre ami gai réfugié à Montréal, la description de catalogue officielle du film se lit comme suit : « Le récit dramatique de quelques mois importants dans la vie du jeune homosexuel Mike Norris. Sa “sortie du placard” et le délaissement de sa famille et sa copine sont la première étape dans l’affirmation de son droit d’être gai hors du milieu homosexuel. L’histoire se poursuit alors qu’il fait face à de nouvelles embûches liées à l’emploi et à la vie sociale. » Ayant visionné pour la première fois le film en 2003-2004, je suis impressionné par la forte cohérence de Son of the Family, tournée avec perception en 16 mm noir et blanc par le producteur-caméraman James Aquila – lui aussi sensible aux problématiques queer – et son sens marqué d’appartenance (l’hiver à Hamilton!). Les relations de Mike avec les hommes et les femmes qui composent son réseau de soutien – même celle avec le Torontois blasé qui lui fait vivre son premier amour avant de le larguer – sont tracées avec finesse. Le film se termine avec un retournement de situation inattendu allant à l’encontre des stéréotypes ainsi qu’une scène de clôture fort rusée d’un point de vue idéologique : une vitrine où des mannequins parodient mécaniquement l’institution hétéropatriarcale du mariage.