Murray Markowitz

Réalisateur
NE(E)
1945
Biographie

Réalisateur. Homme hétérosexuel, Markowitz est célébré dans ce volume pour avoir réalisé August and July (1973, 92). Un long-métrage commercial teinté de l’esthétisme « cinéma vérité » de la fin des années 1960, ce documentaire narrant un mois passé dans une maison de campagne par deux femmes en amour créa beaucoup d’attentes qu’il laissa sans suite. La réponse de Linda K. Koch dans une édition de The Body Politic fut typique : « Je suis allée voir August and July avec l’espoir de voir quelque chose de sincère dans ce film – j’ai quitté la salle après avoir vu comment ne pas faire un film et en attendant toujours le premier film lesbien du Canada (No. 8, printemps 1973). » La tournée publicitaire sensationnaliste du film a vite démenti la nature « sérieuse » de cette exploration tentative d’une relation à travers l’observation et l’improvisation; en d’autres termes, il fallait subir des heures de débats relationnels avant d’avoir droit à la baignade nue et aux ébats sexuels. Markowitz – qui réalisa quatre longs-métrages subséquents dans les années 1970 avant de disparaitre de la carte – fit des admissions candides sur l’énergie de la jalousie lors d’entretiens. Le critique soi-disant hétérosexuel de Cinema Canada cerna parfaitement la situation :

« August and July possède une certaine perversion, soit celle de permettre à des hommes complètement déconcertés par le lesbianisme d’introduire des caméras à la fois agressives et maladroites dans le quotidien de deux femmes vivant une réalité qu’ils ne pouvaient et ne voulaient pas accepter. » (Ibranyi-Kiss, 1973)

Le film demeure tout de même un témoignage important d’un mode de vie lesbien associé à la période d’après-Stonewall immédiate, temps où les gens exprimaient encore des opinions semblables à « Faire l’amour à une femme n’est pas qu’une simple question de baise. Il doit y avoir une force incroyable en jeu lorsque deux femmes s’aiment. » Trente ans plus tard, le film semble toujours aussi interminable et fatiguant qu’à sa sortie en 1973 alors que sa sensibilité narcissique (aujourd’hui dépassée) de flower child lui donne un air de parodie diabolique. Ceux qui avaient hâte au « premier film lesbien du Canada » durent patienter plus d’une décennie pour trouver leur comble.