Lynne Fernie

femme
Date de naissance
1946
et lieu
Toronto , ON
Canada
,
Ontario CA
Lives in
Toronto , ON
Canada
,
Ontario CA
Biographie

Documentariste, artiste, programmatrice/conservatrice. Fernie était militante et membre active de la scène artistique interdisciplinaire de Toronto lorsque la patronne du Studio D, Rina Fraticelli, l’a recrutée pour diriger ce qui allait devenir le film queer le plus important de l’ONF et l’un de leurs plus gros succès des années 1990, soit Forbidden Love: The Unashamed Stories of Lesbian Lives (1992, Montréal, 85). Avec la coréalisatrice Aerlyn Weissman, elle a injecté une dimension esthétique et politique –et érotique!– à la fois postmoderne et rafraîchissante, dans le studio féministe au cours de ses dernières années, ce qui lui a valu des ovations partout où le film fut projeté. Bien que des vagues d’enthousiasme eurent lieu lors des festivals cinématographiques communautaires queer, jamais un nouveau film canadien n’était sorti à un moment aussi opportun, et jamais la réception d’une œuvre n’avait été autant unanime, pleine d’émotion et méritée. Peut-être que la pandémie et le régime conservateur avait lassé le public queer, ou peut-être s’agissait-il d’une surprise que le studio gouvernemental homophobe avait décidé de finalement sortir. Qu’avaient en commun les deux sujets réunis par les réalisatrices –des romans à sensation axés sur le lesbianisme importés des États-Unis durant l’après-guerre, et le réseau émergent des bars de lesbiennes ou ouverts aux lesbiennes dans les trois métropoles canadiennes dans les années 1950 et 1960? Le ton nostalgique dominant pour parler de l’aura abjecte entourant la scène « avant-gardiste », présent autant dans les petits bars minables que dans le sensationnalisme des romans. Ce passé était réclamé par le tas de témoins lesbiennes vieillissantes du film et par la trame narrative fictionnelle faisant le pont entre une fille de la campagne qui découvre la sous-culture urbaine et qui finit, tout comme sa propre page couverture à sensation, dans les bras d’une butch brunette. Il ne fait aucun doute que la découverte de l’histoire interdite a été ressentie comme un antidote à la normalisation grandissante d’un amour qui n’était pas aussi interdit en 1992 qu’avant –et à cette époque, le mariage entre conjoints du même sexe n’était qu’une lueur dans l’œil collectif!

Après 1992, Fernie a poursuivi avec deux documentaires indépendants sur Jane Rule, une auteure lesbienne âgée (Fiction and Other Truths, 1995 [Génie]; Jane Rule... Writing, 1997, coréalisé encore une fois avec Weissman), préconisant encore une approche hybride et créative pour un sujet aujourd’hui quelque peu moins risqué. Fernie a effectué un retour à l’Office pour présenter deux brillants courts métrages destinés à la promotion de l’anti-homophobie dans les écoles : le documentaire School’s Out (1996) et Apples and Oranges (2003), un mélange rafraîchissant et novateur d’animation et d’écoute/observation en classe.