Clint Alberta

Étoile montante du cinéma queer/autochtone, ce réalisateur albertain a su révéler la douleur et la beauté se trouvant au cœur d’une génération de jeunes autochtones, avant son suicide en 2002. Aussi connu par son nom de naissance, Clint Morrill, et plusieurs autres noms de caméra, le plus récent étant Jules Karatechamp, on se souviendra toujours d’Alberta pour son film avec l'ONF Deep Inside Clint Star (1999, 89). Dans ce documentaire inclassable, Alberta s’entretient avec six de ses amis, hommes et femmes, gays/lesbiennes et hétérosexuel(le)s, ainsi qu’avec sa mère, tous posant pour la camera de manière nonchalante sur des lits de motels ou se promenant dans les villes qu’ils habitent et visitent. Les questions concernant la sexualité, l’identité et les histoires personnelles sont frivoles et indiscrètes, et parfois le réalisateur, magnifiquement androgyne et charismatique, semble plus intéressé à parader devant la caméra avec ses chandails en satin, ou a esthétiser ses alentours avec sa caméra hyperactive. Cependant, la profondeur des révélations et l’intimité initiée par les questions d'Alberta a su convaincre l'auditoire de Sundance, les fans de cinéma queer, ainsi que le public des festivals documentaires et de films autochtones autour du monde. Deep Inside Clint Star a même été récompensé par un prix Gemini. Le premier film d’Alberta, Lost Songs (1999, 25), était un court documentaire plus classique à propos des épidémies de tuberculose dans les communautés autochtones. Le réalisateur a poursuivi avec un court film de fiction autobiographique, My Cousin Albert : Portrait in Shades of Black, à propos d’un duo d’adolescents, un homosexuel et un hétérosexuel (le personnage interprété par Alberta se fait battre lorsqu’il développe des sentiments plus fort que de l’amitié pour son ami). Son dernier film, Miss 501 (Portrait of Luck) (2001, 82), est le portrait d’un artiste drag vieillissant de la scène queer underground de Toronto nommé “Burger”.