Réalisatrice, documentariste, productrice et professeure. L’une des premières réalisatrices à intégrer l’ONF pendant la 2e guerre mondiale, Parker, sensible aux problématiques queer, comptait parmi les proches de McLaren et de Glover. Son féminisme tendre et pratique fut une force qui alimenta quelques unes des œuvres répétitives et à thématiques particulières de l’ONF pendant les années 1950. Son questionnement rusé de la masculinité dans une période où la domination d’un genre sur l’autre était normalisée (voir chapitre 5) est surtout présent dans The Stratford Adventure (1954), un film mémorable pour une scène de séduction dramatisée incorporant tutelle et cigarettes entre la vedette bisexuelle Alec Guinness et le jeune acteur queer et aguichant Timothy Findley. Le court-métrage Being Different (réa. Julia Murphy, scén. Parker, 1957, 10) demeure cependant l’un des films canadiens les plus queer des années 1950, une version réinventée de Tea and Sympathy réalisée par l’ONF et contestation proto-féministe du machisme monolithique et de la conformité de genre. On y retrouve un enseignant primaire désireux d’encourager une performance de genre atypique lisant à voix haute le travail de Georges – un jeune étudiant de 12 ans – sur les plaisirs de la chasse aux papillons alors que les confrères camelots et fanatiques de hockey de ce dernier ne se font pas prier pour le harceler. Comme tout bon film de sensibilisation destiné à un public étudiant, nous ne voyons pas Georges prendre de décision. Ce dernier sait qu’il doit choisir et aucun film avant – ni après – n’a su capturer avec autant de compassion la cruauté ainsi que la libération possible comprises dans ce choix. Vers la fin de sa carrière, Parker œuvra comme productrice dans le secteur indépendant de Montréal et enseigna le cinéma au Cégep Vanier College.