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Margaret Wescott

Documentariste, monteuse et productrice (ONF). Voix lesbienne discrète mais courageuse de l’ONF pendant près de trois décennies, Wescott – accompagnée de l’écrivaine Gloria Demers – fut la faction queer officielle au sein du Studio D avant la prise de conscience tardive du timide studio gouvernemental vers 1990. Formée comme monteuse au début des années 1970, Wescott devint réalisatrice auprès du nouveau studio féministe vers 1975 et lança une offensive lesbienne discrète avec Some American Feminists (coréa. Nicole Brossard et Luce Guilbeault [1935-1991], 1977, 16 mm, 56).

Un documentaire féministe avant-gardiste produit par une équipe presque entièrement lesbienne (sauf pour leur alliée Guilbault), Feminists fut fort représentatif des politiques d’autruche du studio quant aux problématiques queer à l’époque, où le mot d’ordre était d’absorber la sexualité dans les politiques de genre d’ordre général. Les audiences qui témoignèrent des rencontres frappantes entre les réalisatrices et les vedettes américaines féministes et lesbiennes Rita Mae Brown, Kate Millett, Ti-Grace Atkinson et avant tout la provocatrice prisonnière politique Susan Saxe ont cependant entendu – pour paraphraser les mots immortels de Brown – le roulement des testicules sur le plancher du bureau du Commissaire du gouvernement à la cinématographie. La voix isolée du film retentit à travers l’étendue sauvage du bâillonnement gai et lesbien non seulement au Canada, mais partout ailleurs alors que le refus du silence né vers la fin des années 1970 gagna en ampleur. (Sa voix ne fut pas tant isolée comme le film fut lancé en même temps qu’Outrageous! et Word is Out, sans oublier la sortie de La Cage aux folles l’année suivante.)

Le long-métrage subséquent de Wescott, l’épique Behind the Veils: Nuns (1984), bien que moins original dans son titre, fut une exploration approfondie de l’homosocialité et de la spiritualité féminine mettant de l’avant des sœurs fort saphiques avec leurs t-shirts et leurs coupes butch. Après le démantèlement du Studio D vers la fin de la décennie, Wescott et ses collègues réalisatrices furent confrontées au froid patriarcal de l’extérieur et elle mit du temps à compléter ailleurs au sein de l’ONF un dernier film intitulé Stolen Moments (Montréal, 1997, 92), un parcours trans-historique et interculturel de communautés, de cultures et de sexualités lesbiennes féministes à travers l’Europe et l’Amérique du nord. Lorsqu’il fut finalement lancé, cet essai monumental tourné dans le style typique de l’ONF sembla fort probablement daté et idiosyncrasique dans ses politiques et son esthétisme, surtout comme il sembla fort pâle comparé au succès grandiose remporté par Forbidden Love cinq ans auparavant. Mais les aperçus de mobilisations lesbiennes politiques et culturelles, présentes et passées, de Paris à San Francisco (de Vancouver à Montréal dans le contexte canadien), sont évocatrices. Toute hésitation quant à la nature « langue de bois » de la narration invoquant les lesbiennes à la troisième personne – si tout doute fut encore présent après la scène de cunnilingus fort explicite financée par les contribuables canadiens – s’est rapidement dissoute lorsque l’hymne gai masculin Somewhere over the Rainbow est approprié à la fin, couronnant cette juxtaposition de rêve utopique et de passé vécue qui fut l’héritage d’une pionnière avant sa retraite.

First name
Margaret
Last name
Wescott

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Date of Birth
1941
Type of Artist: 
Identity: 
female
Spoken Language(s): 

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